F R O N T D E L I B R A T I O N D E L A M O T T E C T I R E

Salut mon petit mottiste, salut mon gros ravageur,

 

Aujourd’hui un petit tuto gratos, à mettre dans tes favoris entre la recette de la Jacqueline au vin blanc et celle du Couscous en boîte : comment prélever une motte comme un gros dégueulasse.

 

  1. Choisir un site fragile et protégé.

Fragile donc en bord de mer, là où il y a très peu d’épaisseur de sol, et où la pluie et le vent vont s’en donner à coeur joie sur un sol nu pour prolonger le travail du ravageur : atteindre la roche.

Protégé donc aussi en bord de mer : toute la bande littorale de notre caillou est classée en zone Natura 2000. Autant dire que c’est soit interdit, soit soumis à une autorisation.

 

  1. Surtout, y aller en bagnole ou encore mieux, avec un fourgon.

Plus c’est lourd et mieux c’est pour l’érosion des sols, si avec un peu de chance le véhicule pisse l’huile et le gasoil, là t’es au top et t’as gagné ton entrée au Valhalla des gros dégueulasses. Mais bon, ça c’est quand même rare : niveau belles mécaniques on est plutôt au top sur notre caillou.

 

3. Prélever une grande surface bien uniforme.

Et surtout pas des petites surfaces en damier comme préconisé depuis maintenant bien longtemps.

Prop’, carré ! Comme ça t’es sûr que ça repousse pas, ou alors très très très lentement.

 

4. Creuser bien profond.

C’est connu, ça dure plus longtemps quand on la brûle !

 

5. Enfin, ne surtout pas laisser la motte sécher sur place et à l’envers.

 

Pour ne pas risquer de laisser les graines retomber au sol et ainsi régénérer plus vite la couverture végétale, bref comme le faisaient les anciens, les mêmes dont tu nous rebats les oreilles, sauf que eux ils le faisaient mieux que toi et c’est pas dur.

Pour finir ce billet un dessin de notre Nono national qui fête ses 12 ans (le dessin je parle, Nono il a un peu plus).

Cette caricature illustrait un article sur le sujet ( https://www.letelegramme.fr/toute-l-information-de-la-bretagne/spanouessantspan-polemique-autour-des-mottes-1924966.php) où notre bon chef du village certifiait avoir lui-même supervisé les opérations et la bonne utilisation du marr, l’outil traditionnellement utilisé pour étreper (ramasser des mottes).

On est rassurés ça s’est pas fait au bulldozer, donc tout va bien.

Une photo du maire en train de surveiller le bon respect des règles :

Et si vraiment t’as envie de te marrer lis l’article du Télégramme jusqu’au bout, on y apprend que pour faire du ragoût pour 800 personnes il n’avait alors été prélevé que « 20 à 30 m² » de végétation littorale. On salue la performance, et on veut bien qu’on nous dise comment un tel tour de force a été possible à l’époque.

Enfin, notre grand sachem expliquait que le sujet opposait « défenseurs de la tradition » et « écologistes », une belle manière de réduire le débat. La bonne nouvelle c’est qu’en 2025, on peut être les 2 à la fois. Tu vois, on finit sur une note optimiste : non tout n’était pas mieux avant.