F R O N T D E L I B R A T I O N D E L A M O T T E C T I R E

Salut mon petit Chinchard,

J’ai bien vu que l’article précédent t’as fait marrer mais t’as laissé un peu perplexe : de quoi on parle avec ces mottes ?

On aurait pu te laisser te démerder avec Qwant (histoire d’être sûr de pas trouver la réponse, ou peut-être sur un coup de bol en page 13) ou Google (histoire d’être sûr de trouver mais, grâce aux cookies, de te taper des suggestions un peu borderline parce qu’en tapant motte dans ta barre de recherche, t’as de grandes chances de finir avec une photo intime de Rica Zaraï, et je préfère t’épargner ça), mais au FLMC on est du genre sympas et du coup on va te faire un brin d’histoire.

Alors il faut remonter à l’époque où l’île était peuplée de Léontines et d’Isidores, ou Adolphe n’était pas encore un prénom passé de mode et où ça ne choquait pas M. et Mme Bon d’appeler leur fils Jean (si tu me crois pas va faire un tour au cimetière, y’en a autant qu’un curé a pu en bénir).

Bref, comme t’as vu lors de tes dernières vacances, c’est pas les arbres qui se bousculent ici. Et faire venir du bois ou du charbon, ça coûtait trop cher, et nos ancêtres ne roulaient pas sur l’or.

Du coup si t’avais pas envie de manger froid (ou cru, ou les deux), les deux principales sources de combustible, c’était l’ajonc et ces fameuses mottes (et les fougères pour allumer le feu, mais cette dernière est pas spécialement connue pour faire des belles braises qui vont tenir le temps de cuire une côte de boeuf).

Le principe était simple : il fallait aller couper la partie superficielle de la maigre végétation qui avait survécu au climat et au pâturage intensif des milliers de moutons.

Ensuite après séchage, tu préparais un ragoût dans une gamelle en fonte que tu recouvrais de ces mottes et que tu allumais. Là tu pouvais partir aux champs en laissant le tout se consumer lentement, et en rentrant le midi la gamelle était cuite.

 

Aujourd’hui tu notes, on a deux trucs formidables ou presque : la Penn ar Bed et la continuité territoriale. Du coup grâce à la première on peut se faire livrer des bouteilles de gaz hors de prix, et grâce à la seconde on paye le kiloWatt le même tarif que sur le continent, même s’il coûte beaucoup plus cher à produire à Enedis vu que la centrale électrique tourne au pétrole, et qu’on n’en n’a pas encore trouvé ici.

Du coup on s’est un peu éloignés de la notion de besoin en terme de cuisson de la bouffe, alors tu vas me répondre que ça pourrait changer « en cas d’guerre, en cas d’crise ou d’victoire de la gauche » (ça c’est pas de moi, c’est de Renaud. Le chanteur, pas le fils à Carole.), mais bon apparemment ça c’est pas pour tout de suite (pour la gauche je te parle, pour le reste c’est moins sûr).

MAIS BON, tout ça reste quand même une tradition sympa et l’occasion d’un bon gueuleton en famille, du coup l’idée c’est de pouvoir continuer à pouvoir s’en faire 2-3 par an tout en le faisant comme c’était pratiqué :

  • En prélevant les mottes dans des endroits pas trop exposés et avec suffisament de profondeur de sol pour que ça puisse repousser (ça s’appelait même des champs à mottes).
  • En laissant les mottes sécher longuement sur place et à l’envers pour que les graines ré-ensemencent le sol.
  • En ne coupant que la partie superficielle du sol.

Dans cet article on a fait court pour ne pas te perdre en route, et dans le prochain article on t’explique plus longuement comment ne pas le faire.